Indriya- J - Tortuga

Née au sein d'un harem dominant, Indriya a toujours occupée une place privilégiée, bénéficié des meilleurs ressources et d'une excellente éducation, bien que trop rigide parfois. Toutefois cette place au-dessus des autres l'a également isolée des poulains de son âge. Très proche de sa mère qu'elle a longtemps refusé de quitter, elle a craint son père, cet étalon noir, montagne de muscle, orageux et ténébreux, qui grondait et les dirigeait d'un sabot de fer. Protégée au sein de sa famille durant les premières années, ses seuls déboires furent d'ordre sociaux. Elle tenta mainte fois de s'intégrer au groupe de jeunes, de jouer avec eux, quitter un peu ce monde d'adultes pour se détendre. Mis à part un jeune mâle qui l'accueillit un temps mais disparu bien vite, elle fut rejetée de ses pairs. Ce sont ces relations tendues qui lui donnèrent son vertige et la légère diminution physique qui la rattrape en même temps que la fatigue l'assaille. Une mauvaise blague de quelques pouliches de groupes dominés. Lui faisant croire qu'elles l'acceptaient, elles ont entrainé Indriya dans la forêt en bordure de quelques gorges et terrains escarpés. Après une heure de course poursuite, l'une devant trouver et attraper les autres, Indriya se retrouva seule au bord de quelque falaise rocheuse dissimulée de ronces et branches éparses. Elle appela ses camarades de jeu, elle les chercha sans trop regarder où elle posait ses quatre sabots, toutefois poussée par son instinct à rester hors du précipice. Ce fut alors que les autres pouliches émergèrent des fourrées dans ses jambes, la faisant s'empêtrer et trébucher sur un rocher défaillant qui l'envoya dans les rochers au fond. Un hennissement strident lui échappa, couvrant à peine les rire des petites juments.
Il lui resta de cet accident un vertige terrible et quelques séquelles musculaires qui la raidissaient lorsqu'elle se trouvait fatiguée ou tendue. Ce fut néanmoins cet incident qui la coupa totalement du reste des chevaux de ses montagnes, retranchée contre sa mère, dans sa zone familiale jusqu'à ses trois ans où son père la força à s'éloigner. Il le fit brutalement, du jour au lendemain, et veilla à ce qu'elle s'éloigne vraiment d'eux et ne leur tourne pas autour désespérément. Isolée elle vagabonda un temps entre les montagnes et les forêts, ne tenta pas même une approche des groupes de jeunes en formation. Elle tenta deux trois fois de former le sien , de s'intégrer en un mais encore une fois ses velléités de direction lui valurent des refus et quelques ennuis qui forgèrent son caractère. Résolue, elle se résigna à rester et errer seule, ne trouvant pas un seul cheval pour la supporter ou la soutenir, l'aider et la suivre.