∞ Narkylae | ♀ | Galya.

Narkylae est d'origine sauvage, mais elle a connu les humains. Et pas que. Elle en a vu des choses... Des ours, des chiens, des papillons, des oiseaux, bref. Mais l'animal qui l'a toujours fasciné, est et restera cet animal roux, à la belle queue touffue. Non, je ne parle pas de l'écureuil mais bien du renard. Pourquoi est-ce que je vous parle de ceci ? Parce que c'est le commencement de son histoire et ce sera également la fin. Vous ne me croyez toujours pas ? Suivez-moi...

Narkylae est née dans une clairière. D'un viol. Vous me suivez ? Ne déprimez pas trop vite hein, y'a pire comme histoire. Donc. Narky est née d'un viol, d'un étalon inconnu et d'une mère nommée Mirage. Elle partage d'ailleurs cette mère avec Artax, son demi-frère qu'elle ne connaît pas et que Mirage a abandonné à la naissance. Tout comme elle le fera, un an plus tard, avec la pouliche encore baie pour l'heure. La petite baie n'eût même pas le temps de goûter au lait vital, que la jument claire s'en allait. Par chance, la pouliche baie ne vit jamais la mort arriver puisqu'une jument, ayant mis-bas d'un mort-né, passait par là. Narky fut adoptée, et considéra cette jument comme sa mère autant que cette dernière la considérait comme sa fille, mais toutes deux savaient qu'elles ne partageaient pas le même sang. Mais quand le cœur y est, à quoi bon regarder la génétique ?

À l'âge d'environ six mois, Narky s'aventura un peu loin de sa mère adoptive. Le soir, elle la chercha bien longtemps... En vain. Rien à faire, elle ne retrouvait pas son chemin. Et la pluie avait effacé toute trace, tout espoir. Perdue, frigorifiée, seule et vulnérable, la baie grisonnante était livrée à son propre sort. Mais le destin décida de lui offrir une seconde chance : elle tomba, par hasard, sur un camp d'Indiens qui lui offrit asile. Les Indiens étaient gentils et elle se lia bien vite d'amitié avec un adolescent du nom d'Akecheta. Akecheta et elle étaient soudés comme les cinq doigts de la main, c'était comme deux frères et sœurs.

Akecheta et Narkylae grandissaient, de jour en jour. Tandis que l'une se métamorphosait, de pouliche à adulte, l'autre prenait des centimètres, des muscles, et de la sagesse. Docile, Narky se laissa monter par l'humain. Le dressage ne fut pas bien long... Et ne put pas durer éternellement. En effet, depuis longtemps, les cow-boys menaçaient l'équilibre fragile entre la nature et les Indiens. Ils voulaient à tout prix ces nouveaux territoires... Et faire un massacre de sang-froid pouvait éventuellement faire partie de leur plan, si la tribu ne se soumettait pas.

Mais la tribu n'était pas décidée à donner ses terres et la bataille fut inévitable. D'un côté, une petite armée, essentiellement piétonne, avec pour armes des lances et des peintures de guerre. De l'autre, une armée de cavaliers prêt à ouvrir le fusil. La bataille démarre. Elle en gardera deux souvenirs. Deux cicatrices.

La première marquera l'apogée de l'amitié entre Akecheta et Narky. Slalomant entre les tipis pour décourager leur poursuivant, Narky se griffa violemment à la lance d'un autre Indien caché. Elle ne lui en voulut pas. Mais non seulement son ami la soigna, mais il la mit à l'abri le temps que l'hémorragie s'arrête, à ses risques et périls. Elle lui fut tellement reconnaissante qu'elle rassembla toutes ses forces. Pour elle, pour lui, pour eux, pour leur tribu. Pour la sauver, pour sauver les terres. Avec courage, les deux s'élancèrent dans la bataille. Habilement, ils évitaient les lances, les balles. C'était un ballet au milieu d'une danse sanglante, une scène unique. Ce jour-là, elle s'était dit que s'il mourrait, elle mourrait avec lui... Ils étaient plus soudés que jamais.

Et puis, ce fut la fin définitive d'une amitié si belle. Par lâcheté. Peut-être par infidélité. Toujours est-il que la grise n'avait rien fait de mal. Cela se passa si vite... La destruction d'une âme en quelques secondes à peines.

Pan. Un coup de feu. Shtac. Une lance projetée. Aïe. Sa cible touchée. Boum. Le corps sans vie tombant à terre. Pom. Akecheta qui met pied à terre, qui oublie son amie, qui s'est pris la balle sur son antérieur droit. Qui gémit. Qui a mal. Qui regarde son frère d'âme l'abandonner sans un regard pour prendre l'étalon du cow-boy qu'il a tué.

Narky est abandonnée. Ses pensées sont floues. Elle se referme sur elle-même. Le reste de son histoire, elle l'a passé à allumer les étalons, pour une alliance, pour un prince, n'importe quel prétexte est bon.

Puis elle est tombée ici, tout s'est passé très vite, trop vite, la voilà sur le trône, incomprise qu'elle est. Peut-être un jour réussirez-vous à deviner qui est le renard dans son histoire. Ou bien où il se cache.

Peut-être.